AFRIQUE
Mali : Wagner fait ses valises, Africa Corps les déballe – 9 juin 2025
Wagner se retire du Mali après quatre ans, dans un contexte de recrudescence djihadiste et de tensions avec les autorités maliennes. Son bilan est jugé mitigé, voire négatif, avec peu d’impact sur la sécurité et des accusations de violences. Ce départ s’explique aussi par des raisons internes : pertes humaines et matérielles, financement et reprise de contrôle par Moscou.
Selon la Fondation pour la Recherche Stratégique, Wagner et Africa Corps se distinguent d’abord par leur statut : Wagner agissait de manière autonome, avec des intérêts économiques propres, tandis qu’Africa Corps est directement rattaché au ministère russe de la Défense. Là où Wagner menait des opérations offensives parfois brutales, Africa Corps privilégie la formation, la sécurisation de sites stratégiques et les accords officiels. Sur le plan économique, Wagner exploitait ses propres ressources (mines, or), alors qu’Africa Corps fonctionne dans un cadre étatique plus structuré. Enfin, la communication passe d’un style opaque et agressif à une approche plus institutionnelle et diplomatique.
Pour aller plus loin :
https://www.frstrategie.org/publications/notes/poutine-africain-2023
RDC : traité de paix entre le Rwanda et la RDC – 27 juin 2025
Le 27 juin 2025, la RDC et le Rwanda ont signé à Washington un accord de paix sous médiation des États-Unis et du Qatar, après des décennies de tensions liées aux conflits dans l’est congolais. L’accord prévoit le retrait des troupes rwandaises en 90 jours, la fin du soutien aux groupes armés comme le M23, un mécanisme de sécurité conjoint, et la création d’un cadre économique régional. Kinshasa et Kigali s’engagent à respecter mutuellement leur souveraineté. L’ONU et l’Union africaine saluent un accord « historique », mais son succès dépendra de sa mise en œuvre effective.
Pour aller plus loin :
https://apnews.com/article/congo-rwanda-drc-peace-deal-m23-trump-5e5b52100729ad6587a6f267c6c79ae0
AMÉRIQUES
États-Unis : émeutes en Californie – 19 juin 2025
Depuis le 6 juin, la Californie, surtout Los Angeles, est secouée par des émeutes déclenchées par des raids ICE (Immigration & Customs Enforcement) ayant mené à plus de 100 arrestations d’immigrés. Manifestations, incendies de véhicules et affrontements violents ont suivi. Plus de 575 personnes ont été arrêtées, plusieurs blessés signalés, dont des journalistes. Trump a déployé la Garde nationale sans l’accord de l’État, que Newsom (gouverneur de la Californie) conteste en justice, détériorant encore davantage une relation déjà très mauvaise entre les deux hommes. Un couvre-feu est en place, et l’état d’urgence a été déclaré. La tension reste vive entre autorités fédérales et locales.
Pour aller plus loin :
Argentine : déchéance de l'ancienne présidente – 10 juin 2025
Le 10 juin 2025, la Cour suprême argentine a confirmé la condamnation de Cristina Fernández de Kirchner à six ans de prison et à une inéligibilité à vie pour fraude dans l’attribution de marchés publics à Santa Cruz, mettant fin à sa carrière politique et empêchant sa candidature future. Assignée à résidence, elle conserve une influence symbolique, mobilisant toujours le mouvement péroniste malgré la division interne. L'Argentine n'est toujours pas en paix avec son Histoire.
Pour aller plus loin :
Bolivie : la crise systémique menace – 19 juin 2025
La Bolivie est en pleine tourmente deux mois avant l’élection du 17 août 2025. Depuis le 2 juin, des partisans d’Evo Morales multiplient les blocages (28 points actifs jeudi), réclamant l’annulation de son inéligibilité ; cela a provoqué six morts (quatre policiers, deux civils) et plus de 300 blessés. Après 15 jours, les syndicats paysans ont interrompu les barrages tout en promettant de recourir à d’autres formes de protestation .
Sur le plan économique, l’inflation annuelle avoisine 10 %, la Bolivie perd environ 150 200 M USD par jour à cause des blocages. Les réserves étrangères sont tombées à environ 1,8 milliard USD, avec moins de 50 M USD en liquidités, le boliviano se déprécie fortement et le marché noir du carburant prospère.
En mars, des inondations exceptionnelles ont causé plus de 50 morts et déplacé 100 000 personnes. Un épisode qui n'a rien amélioré dans un pays déjà très fragile.
Dans ce climat explosif — protestations meurtrières, effondrement macroéconomique, crise humanitaire —, l’organisation d’un scrutin libre et ordonné paraît désormais fortement compromise.
Pour aller plus loin :
https://www.theguardian.com/world/2025/jun/17/bolivia-crisis-morales-clashes
États-Unis : Trump bouscule un G7 déjà exsangue– 17 juin 2025
Le 51ᵉ sommet du G7, tenu à Kananaskis les 16–17 juin 2025, a entériné un prêt de 50 milliards de dollars à l’Ukraine, garanti par les intérêts des avoirs russes gelés. Emmanuel Macron a appelé à un renforcement des sanctions contre Moscou et à une riposte industrielle face aux pratiques chinoises jugées déloyales. Donald Trump, isolé, a rejeté toute nouvelle sanction, proposé la réintégration de la Russie et de la Chine, puis quitté le sommet avant sa clôture. Pékin a été vivement critiqué pour sa surproduction stratégique ; Moscou, qualifiée d’« agresseur », reste exclue, malgré les positions dissidentes de Washington.
Pour aller plus loin :
https://www.reuters.com/world/china/seeking-unity-g7-meets-amid-escalating-ukraine-middle-east-conflicts-2025-06-16
https://www.ft.com/content/cf01bc1d-0263-4a90-bd22-b82294e86b7b
ASIE
Deux porte-avions chinois dans le Pacifique – 8 juin 2025
Début juin 2025, la Chine a déployé simultanément ses deux porte-avions, le Liaoning et le Shandong, pour la première fois dans le Pacifique occidental. Le Liaoning a navigué jusqu’à 300 km au sud-est de Minamitorishima, franchissant la seconde chaîne d’îles — une première pour un groupe aéronaval chinois. Le Shandong a mené des exercices près d’Okinotorishima, dans la mer des Philippines. Ensemble, ils ont effectué environ 1 120 sorties aériennes entre le 9 et le 22 juin, incluant des vols de chasseurs J-15 et des hélicoptères anti-sous-marins.
Tokyo a vivement réagi, dénonçant des vols chinois "dangereusement proches" de ses avions de patrouille maritime, et Taïwan a renforcé sa surveillance. Pékin affirme qu’il s’agit d’exercices "routiniers" pour renforcer ses capacités en haute mer.
Pour aller plus loin :
https://apnews.com/article/japan-china-aircraft-carriers-pacific-military-explainer-9ff9ec57e0721dbcf11f88939a1f3fa8
https://www.navalnews.com/naval-news/2025/06/chinese-aircraft-carriers-conduct-about-1120-flight-ops-near-japan
Ukraine : la toile d'araignée se referme sur les russes – 1er juin 2025
Le 1er juin 2025, l’Ukraine a mené l’opération « Toile d’araignée », une attaque coordonnée de 117 drones FPV (First Person View) contre cinq bases aériennes russes, notamment en Sibérie et en Arctique. Utilisant des camions-cabines pour dissimuler et lancer les drones, Kiev a détruit ou endommagé 41 avions stratégiques, soit un tiers de la flotte russe à longue portée, dont des bombardiers Tu-95, Tu-22M3 et Tu-160. Moscou a confirmé des pertes, tout en minimisant leur impact, affirmant que ses capacités opérationnelles restaient intactes. Cette attaque souligne la montée en puissance de la guerre de drones et expose la vulnérabilité des infrastructures russes.
Le 5 juin, Moscou a mené une vaste attaque nocturne contre des installations militaires ukrainiennes, notamment des sites de production de drones, des centres d’entraînement et des dépôts de munitions, en réponse à ce qu’elle a qualifié de « terrorisme d’État » de la part de Kiev.
Pour aller plus loin :
https://www.pravda.com.ua/eng/news/2025/06/6/7515942
https://www.bbc.com/news/articles/cq69qnvj6nlo
EUROPE
Pologne : élections polarisantes et cohabitation – 1er-11 juin 2025
Karol Nawrocki, soutenu par le parti conservateur PiS (Droit et Justice), a remporté de justesse la présidentielle polonaise de 2025 face à Rafał Trzaskowski, candidat libéral pro-européen du PO (Plate-forme civique). Ce résultat marque un revers pour le gouvernement de Donald Tusk, qui dirige une coalition centriste pro-UE.
Pour affirmer son autorité après cette défaite électorale, Tusk a sollicité un vote de confiance le 11 juin 2025 au Parlement (Sejm). Il l’a obtenu avec 243 voix pour sur 460, assurant ainsi la stabilité de son gouvernement. Cette manœuvre vise à renforcer sa légitimité avant une période de cohabitation tendue avec le président Nawrocki, dont les positions nationalistes et souverainistes s’opposent frontalement à la ligne pro-européenne du Premier ministre.
Pour aller plus loin :
Mer Baltique : Baltops 25 bat son plein – 20 juin 2025
En juin 2025, l’exercice BALTOPS 25 a rassemblé 16 pays de l’OTAN dans la mer Baltique, mobilisant plus de 40 navires, 25 aéronefs et 9 000 militaires. Du 3 au 20 juin, les forces ont conduit des manœuvres complexes : guerre anti-sous-marine, lutte contre les mines, défense aérienne, débarquements amphibies et opérations conjointes interarmées.
L’exercice s’est démarqué par l’intégration de drones maritimes autonomes, le déploiement de systèmes HIMARS depuis la côte, et une coopération renforcée entre forces spéciales. Des entraînements ont eu lieu près de la Pologne, de la Lituanie et de la Suède, avec une forte présence américaine. L’objectif : renforcer l’interopérabilité et la dissuasion collective dans une zone stratégique.
Pour aller plus loin :
France : Sommet des Océans à Nice – 13 juin 2025
La troisième Conférence des Nations unies sur l’Océan (UNOC 3), tenue à Nice du 9 au 13 juin 2025, a réuni 175 États pour adopter le « Plan d’action de Nice », axé sur la protection de la haute mer, la lutte contre la pollution plastique et le financement de l’économie bleue. Cette rencontre, décisive à l’approche de 2030, visait à enrayer l’effondrement des écosystèmes marins et à établir une gouvernance multilatérale face aux pressions industrielles et géopolitiques croissantes. La France a plaidé pour un moratoire sur l’exploitation minière des fonds marins et une gouvernance fondée sur le droit. Les États-Unis ont soutenu le traité sur la biodiversité en mer tout en défendant une approche souple. La Chine a exprimé des réserves sur les contraintes imposées aux ressources génétiques. La Russie, marginalisée, a rejeté les appels à réguler davantage la pêche en haute mer.
Pour aller plus loin :
https://news.un.org/fr/story/2025/06/1156416
https://www.youtube.com/watch?v=j8PiA2Pdyys
MOYEN-ORIENT
Iran-Israël : des échanges de tirs aux allures de guerre – 30 juin 2025
Depuis début juin, l’Iran traverse une phase de repli stratégique sur la scène régionale, marquée par des frappes militaires ciblées et une érosion progressive de son réseau d’alliés au Moyen-Orient. Malgré les frappes menées par les États-Unis contre plusieurs sites nucléaires iraniens — notamment à Ispahan, Natanz et Fordo —, des sources concordantes affirment que Téhéran aurait anticipé l’attaque en évacuant, par voie terrestre, une partie de ses stocks d’uranium enrichi à 60 %, essentiels à son programme nucléaire.
Cette campagne de frappes intervient dans un contexte de désengagement ou d’affaiblissement de plusieurs piliers de l’influence iranienne. À Gaza, le Hamas — historiquement soutenu par Téhéran — subit de lourdes pertes depuis l’offensive israélienne lancée après l’attaque du 7 octobre 2023. Vingt mois plus tard, le mouvement est militairement diminué, et plusieurs de ses chefs, dont Yahya Sinouar, ont été éliminés. Le coût humain, cependant, est tragique : 56 000 Palestiniens ont été tués selon des chiffres jugés crédibles par l’ONU, qui dénonce une catastrophe humanitaire majeure.
Au Liban, le Hezbollah a également été ciblé par Israël, notamment avec l’assassinat de son leader historique Hassan Nasrallah en septembre 2024. Depuis, bien qu’un cessez-le-feu ait été conclu, les capacités militaires et l’influence politique du mouvement chiite sont en net recul. Le Liban, de son côté, a choisi récemment de rester neutre dans le conflit entre Israël et l’Iran.
La Syrie constitue un autre revers pour Téhéran. Fidèle alliée pendant des décennies, elle a rompu avec l’axe iranien après la chute de Bachar el-Assad, renversé en décembre 2024 par Ahmed Al Charaa. Ce nouveau pouvoir syrien cherche désormais un rapprochement avec les monarchies du Golfe et évite toute confrontation avec Israël, qui occupe toujours le plateau du Golan.
Ainsi, en l’espace de quelques semaines, l’Iran a vu se fissurer les fondations de son influence régionale. Si le régime islamique reste debout, il fait désormais face à un isolement croissant, une pression militaire étrangère directe, et un effritement de ses alliances traditionnelles. Ce repositionnement géopolitique pourrait redéfinir les équilibres au Moyen-Orient pour les mois à venir.
Pour aller plus loin :
https://news.un.org/fr/story/2025/06/1156611
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