« Fichtre non, encore un AGC ! Rien de bien intéressant à se mettre sous la dent aujourd’hui…» Voilà bien une réaction indigne d’un ferrovipathe, face à l’arrivée d’une automotrice grande capacité dans une petite gare de Bourgogne ! Car réduire ces trains à une masse uniforme et insipide serait une erreur de jugement. Ils nous offrent, à qui sait les observer, une précieuse leçon de vie : ne jamais s’arrêter aux apparences, fussent-elles de prime abord d’une banalité désarmante, mais creuser pour en révéler les subtilités insoupçonnées.
Automotrice : train dont les voitures sont équipées de moteurs de traction, lui permettant de se déplacer sans locomotive (métros, TGV, tram).
Présentation générale
En 2002, les régions françaises et la SNCF lancent un appel d'offres afin de trouver une nouvelle rame pour compléter le catalogue des TER. C’est finalement Bombardier qui l’emporte avec son Automotrice Grande Capacité (AGC). Cette rame automotrice se décline en quatre catégories.
Au total, ce sont 700 qui sont livrées de 2004 à 2011, un nombre qui fait de l'AGC le matériel ferroviaire le plus répandu en France aujourd'hui. La dernière rame est livrée en grandes pompes le 15 juin 2011 en gare de Lille et arbore pour l’occasion une magnifique livrée bleue et jaune floquée "700e train" sur la motrice.
Livrée : ensemble des couleurs, motifs et logos appliqués sur l'extérieur du véhicule, représentant généralement la région (PACA, Grande-Est), la compagnie ferroviaire (SNCF, Eurostar, Trenitalia) ou un thème spécifique (motrices des records de vitesse, dernier voyage).
Les AGC peuvent être composés de 3 ou 4 caisses (voitures) et peuvent être accouplés par 3 maximum pour marcher en unité multiple (UM). Bien que des projets d'AGC bi-caisses aient pu être évoqués, ils sont restés lettre morte.
Tous les AGC peuvent atteindre une vitesse maximale de 160 km/h. Cependant, en raison de l’état des infrastructures dans certaines régions – la Bretagne, par exemple – cette performance reste souvent inatteignable. Lorsqu’elle l’est, c’est au prix de secousses importantes, de nature à dissuader les voyageurs d’abandonner le confort de leur voiture au profit du train.
Description
Le conducteur assure lui-même le service voyageur et doit gérer la fermeture des portes. À cet effet, des caméras sont fixées sur la caisse des motrices au-dessus de la première baie vitrée.
Pantographe : dispositif articulé installé sur le toit d'un train ou d'une locomotive pour capter l'électricité des lignes aériennes et alimenter le moteur de traction.
Les voyageurs les plus attentifs – ou ceux disposant d’un temps de correspondance plus long – peuvent également distinguer chaque type d’AGC électrique grâce à une clé d’identification plus poussée. Accrochez-vous. Commencer par identifier le courant d'alimentation de la ligne où vous vous trouver (25 000 V ou 1500 V). Dans un second temps, observer le pantographe levé :
→ Sous 25 000 V, si le pantographe est levé côté motrice c'est un Z 27 500 / Si le pantographe levé est au centre de la rame c'est un BiBi.
→ Sous 1 500 V, si le pantographe levé est coté motrice c'est un Bibi / Si le pantographe levé est au centre de la rame c'est un Z 27 500.
Cela vient du fait que la position des pantographes 1 500 V et 25 000 V sur la remorque est inversée entre les B 82 500 et les Z 27 500.
L'X 76 500 "XGC"
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| L'X 76 707 en livrée Champagne-Ardennes, en gare de Culmont-Chalindrey. Pas de pantographes sur le toit, seulement les ventilateurs des deux moteurs diesel (22/03/2025, photo L. DOUCET) |
L'X 27 500 "ZGC"
Dans la logique classificatoire de la SNCF, car il en existe bien une, rien n’est laissé au hasard. Dans la dénomination des trains (X 27 500, B 85 300, Z 9 500,...), la lettre désigne le type de traction :
Z : motorisation électrique
X : motorisation thermique
B : motorisation bimode (électrique et thermique)
(Y : locotracteurs)
Ainsi, suivant cette logique, l’X 27 500 aurait dû s'appeler Z 27 500. Si cette règle a été bafouée dans la classification, pour une simplification administrative, elle a bien été respectée dans le surnom de l’automotrice : ZGC.
Les ZGC 27500 sont compatibles entre eux ainsi qu'avec les B 81 500 (sous 1 500 V en mode électrique) et les B 82 500.
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| L'X 27 590 en livrée Franche-Comté et en provenance de Pontarlier, se rangeant à la voie 37 de la gare de Dijon (30/06/2024, photo L. DOUCET) |
Le B 81 500 "BGC"
Les B 81 500, également appelés BGC (Bimode Grande Capacité) ont la particularité de pouvoir circuler aussi bien sur des lignes électrifiées en 1 500 V continu que sur des lignes non électrifiées grâce à leur motorisation bimode combinant traction électrique et diesel. En mode électrique, leur puissance atteint 1 900 kW, tandis qu'en mode diesel, elle est de 1 324 kW.
Les BGC 81 500 sont compatibles entre eux ainsi qu’avec les X 76 500 et les Z 2 7500 sous 1 500 V.
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| Un B 81 500 dans la récente livrée Bourgogne - Franche-Comté à destination de Nevers, en gare de Dijon. À gauche, un Coradia Liner B 85 000 en livrée Carmillon, à destination de Culmont-Chalindrey (24/02/2025, photo L. DOUCET). |
Le B 82 500 "BiBi" ou "BBGC"
BiBi pour bimode (électrique et diesel) et bicourant (1 500 V et 25 000 V). Le B 82 500 est la synthèse des trois autres modèles d'AGC.
Les BiBi roulent dans toutes les régions françaises à l'exception de l'Occitanie, la Bourgogne - Franche-Comté, le Centre - Val-de-Loire, et les Pays-de-la-Loire.
Les B 82 500 assurent également liaisons Paris Est - Meaux - La Ferté-Milon sur la ligne P du Transilien. 13 rames sont affectées à ce service. La région Île de France a fourni plusieurs rames à d'autres régions.
Les BiBi sont compatibles entre eux et avec toutes les autres classes d'AGC.
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| B 82 500 du transilien P en gare de l'Est. À gauche, une BB 26 000 en livrée Fluo Grand Est (12/02/2025, photo C. DOUCET). |
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| UM 3 de B 82 500 du transilien P à paris-Est en livrée transilien (12/02/2025, photo L. DOUCET). |
Conclusion
(à lire avec l'accent et le ton des journalistes de l'ORTF des années 60)
Des quais de la gare de l'Est aux rivages méditerranéens en passant par les vignobles bourguignons, les AGC incarnent l’évolution et l'excellence du savoir-faire ferroviaire français, alliant performance, adaptabilité et polyvalence. Leur succès indiscutable sur les rails, au cœur des lignes régionales et périurbaines, témoigne de leur efficacité et de leur résilience face aux défis du transport ferroviaire moderne. Bien plus que de simples rames, les AGC symbolisent la fluidité et la modernité du réseau ferroviaire français, un atout majeur dans la transition énergétique du pays. Face à la montée en puissance des récents Régiolis, leur place reste toutefois assurée, et leur avenir, loin d’être terni, continue de briller sur nos rails.
Pour les plus courageux, ayant vaillamment atteints la ligne d'arrivée, une récompense : le passage d'un BGC sur la ligne Auxerre-Clamecy (30/03/2025, vidéo C. DOUCET).
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