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Louis XI : méconnu machiavélien

Un nez crochu trônant au centre d’un visage cireux, une silhouette voûtée et tordue sur elle-même, d’où jaillit un regard perçant, empreint de malignité. Tel apparaît Louis XI (1461-1483), roi de France, scrutant d’un œil impitoyable une minuscule cage de fer où dépérit un cardinal, justement châtié pour avoir osé s’opposer à la royale volonté. Avec les grandes figures de l’Histoire, l’imagerie populaire est parfois tendre, parfois dure mais jamais juste. Louis XI a fait les frais d’une Histoire écrite par ses ennemis, les impitoyables chroniqueurs bourguignons. Qui est le pire : le dessinateur ou le dessiné ?

Il est indéniable que Louis XI a cherché à réduire ses opposants, parfois avec cruauté. Mais tous les gouvernants, de n’importe quelle époque (des noms vous viennent actuellement à l'esprit?), en ont fait ou en font autant avec des moyens souvent bien plus radicaux. En revanche, tous les gouvernants ne possèdent pas cette obsession qui habitait Louis XI : celle d'œuvrer pour la consolidation, l’unification et la stabilité de ce qui allait devenir l’État français.

L'injustice de l'Histoire en une image.

Louis XI est avant tout un habile politique qui préfère négocier, quitte à prendre de gros risques personnels, plutôt que de faire couler le sang. Il est l’unificateur et l’organisateur du royaume : il y installe une administration et une justice efficaces et garantes de la stabilité dans tous les domaines et dans toutes les régions. 

Louis XI est souvent comparé à une araignée (chroniqueurs bourguignons obligent), tissant patiemment une toile redoutable, aussi bien protectrice pour le royaume que destructrice pour ses ennemis. Il n’hésite pas à aller à l’encontre de ses promesses, des traités et des amitiés.

Que ce soit dans le désir de grandeur et d'unité ou dans l'amoralisme politique, Louis XI se pose en véritable souverain machiavélien avant l'heure. Qu'en est-il précisément de cette pensée machiavélienne, elle aussi méconnue et incomprise ? Tentons ici de rendre potable une eau philosophique à première vue bien nocive. 

L’Italie du XVe siècle : berceau de Machiavel

L’Italie de Machiavel brille par sa prospérité économique et son éclat culturel, donnant naissance aux plus grands génies de la Renaissance tandis que le reste de l’Europe demeure absorbé par la guerre. Des cités comme Florence et Venise, alors l’une des puissances commerciales majeures du continent, illustrent cette richesse éclatante.

Cependant, derrière cette splendeur, la botte italienne est déchirée en une multitude d’États rivaux où seigneurs, princes, ducs, doges et papes se livrent à d’interminables querelles, rendant toute unification impossible. Peu enclins à assumer la guerre, ces États préfèrent confier leur défense à des mercenaires, refusant d’admettre que la violence est une nécessité politique. Or, Machiavel l’affirme : nul ne peut triompher avec les armes d’autrui et refuser la violence ne fait que rendre son usage plus destructeur et plus nécessaire. Les incursions de Charles VIII et Louis XII révèlent brutalement cette faiblesse : incapables de s’unir, les royaumes italiens se montrent impuissants face à l’ennemi, confirmant la funeste vérité du penseur florentin.

Machiavel : de cours en cours

Né dans une famille de magistrats en 1469, le jeune Nicolas Machiavel arrive très tôt dans l'administration florentine en tant que militaire puis diplomate. Il est dans un premier temps chargé de constituer une armée nationale pour le compte de Laurent de Médicis. Il est également chargé de missions diplomatiques auprès du roi de France Louis XII et de César Borgia, fils du Pape Alexandre Borgia. C'est le côtoiement de cette grande et redoutée famille qui inspira à Machiavel une grande partie de son œuvre. C'est également à cette époque que Machiavel découvre que tout pouvoir, quel qu'il soit, est fondé sur la violence. Machiavel est finalement accusé d'avoir comploté contre les Médicis. Il tombe en disgrâce et est exilé. C'est durant cet exil qu'il rédigera Le Prince, qui paraîtra à titre posthume comme la plupart de ses ouvrages en 1532.

Louis XI : l'obsession de l'État central

De son côté, Louis XI lutte pour unifier, agrandir et consolider le royaume afin d'assurer un développement économique rapide, d'où cet acharnement à combattre Charles le Téméraire, le puissant duc de Bourgogne. La rivalité entre les deux princes reste encore aujourd'hui fameuse. La défaite de ce dernier rapporte non seulement la Bourgogne au Royaume de France, mais aussi l'Artois et la Picardie.

Bretagne et Bourgogne : les turbulents du Royaume

Le domaine royal français a retrouvé une certaine grandeur sous Charles VII (vainqueur immérité de la Guerre de Cent-ans). Toutefois, à sa mort, un certain nombre d'enclaves empêche l'unité de la France. Deux grandes maisons se posent ainsi en concurrentes à l'autorité royale : la sempiternelle Bretagne et la félonne Bourgogne. François II, le duc breton régnant est d'ailleurs davantage anglophile (vilain défaut, pour l’époque). La Bretagne a en outre tous les attributs d'un véritable pays indépendant : elle possède sa propre langue et sa culture, elle a son propre parlement, son armée, sa chancellerie, son économie et même son clergé. La Bourgogne est d'une autre envergure : très peuplée, très riche au niveau agricole, importante au niveau commercial, elle noue des alliances habiles avec la Flandre, le Luxembourg et la Zélande – partie sud des Pays-Bas actuels. Louis XI a donc toutes les raisons de craindre une annexion des provinces royales de Champagne par Philippe le Bon, le duc de Bourgogne. 

Tout au long de son règne, Louis XI met tout en œuvre pour rattacher ces deux duchés déviants à la couronne de France. Le rattachement de la Bourgogne en 1477 est le point d'orgue de la politique d'unification de Louis XI. Pour lui, seul prévaut la raison d'État et c'est pour elle que tous les moyens doivent être déployés. Cette raison d'État réside, que ce soit pour Machiavel ou Louis XI, dans la consolidation, l'affermissement, l'unification de l'État.

Le patchwork français de 1477. Limpide. 

Un roi « connecté » à la réalité

Louis XI préfère s'entourer de conseillers issus de la bourgeoisie plutôt que de nobles. En effet, le roi se fait proche de ses sujets en parcourant sans relâche la France, sous tous ses aspects.

Louis XI, une fois au pouvoir, procède à une épuration des cadres et des conseillers de son père Charles VII, qu'il juge incompétent. Dans notre langage politique hérité des expériences du XXe siècle, nous appellerions cela une « purge ». De plus en plus, il décide seul, reste secret et veut toujours avoir le dernier mot sur les décisions à prendre. Il ne supporte ni les conspirateurs, ni les traitres à la raison d'État. Son pouvoir doit s'étendre à toutes les régions du royaume dans le plus de domaines possibles, que ce soient les finances, l'agriculture, la poste, l'industrie ou les banques. Despote dévoué à l'État, Louis XI est un souverain moderne qui incarne pour la première fois la réalité de l'État au sens wébérien : c'est-à- dire « une entreprise politique à caractère institutionnel lorsque et tant que sa direction administrative revendique avec succès, dans l'application de ses règlements, le monopole de la contrainte physique légitime sur un territoire donné. » 

Dans ce souci de monopole de la violence, Louis XI parfait et achève la puissance d'une armée unique enfin royale. Il illustre du même coup la thèse de Machiavel : il ne faut ni repousser l'usage de la violence ni chercher à vaincre avec les armes d'autrui. Pourtant, Louis XI n'aime pas le recours aux armes, il préfère toujours la ruse et les négociations mais cela ne l'empêche pas d'être conscient de la nécessité de savoir se servir des outils militaires. 

Août 1437, prise de Montereau aux bourguignons et anglais par les armées royales

Alors qu'il n'est encore qu'un adolescent dans la force de l'âge, Louis participe à la prise de Château-Landon en 1437. En août, il prend part à la prise de Monterau et entre en triomphe dans Paris en liesses aux côtés de Charles VII. Si les voyages forment la jeunesse, assiéger ses destinations de villégiatures la consolident. Tous ces épisodes guerriers lui valent une large reconnaissance de la part des chefs militaires. 

Par ses ruses et ses négociations, Louis XI obtient également les territoires du Maine, de l'Anjou, du Roussillon et de la Provence. En mettant au pas le clergé et la noblesse, en réorganisant administrativement le territoire et en proposant une vision novatrice du règne, Louis XI se pose comme un roi charnière entre le Moyen Âge et la Renaissance.

Une humble effigie pour un si grand penseur.

Régime bon, régime stable

Munissons-nous de courage et osons plonger dans les arcanes de la pensée machiavélienne — un univers aussi dérangeant que fascinant, dont la troublante modernité ne cesse d’interpeller.La philosophie de Machiavel représente une rupture, un tournant en philosophie politique. Avant lui, la philosophie politique prônait un « bon » régime, comprendre ici une forme de pouvoir devant se conformer à une règle de morale précise. Le gouvernant devait avoir quelque chose de saint. Le critère d'un « bon » régime était donc celui de l'éthique (et par conséquent, pour l'époque, celui de la religion). Alors que pour Platon et Saint-Augustin (piliers de comptoirs du bar de la philosophie politique), la politique est synonyme de morale, pour Machiavel, politique rime avec efficacité. Machiavel juge le politique avec un tout autre œil que celui de la morale : l'œil de l'efficacité. Le but du prince doit être de conquérir le pouvoir et de s'y maintenir le plus longtemps possible. La durée est la seule source de légitimité. Autrement dit, un prince légitime est un prince qui reste au pouvoir le plus longtemps possible. Un tel prince ne doit avoir que faire de « Républiques imaginaires », inutiles et utopiques. La pensée de Machiavel est donc empreinte d'un certain pragmatisme, dont on comprend qu'il ne fit pas l'unanimité à son époque et même après.

Si la pensée machiavélienne (et non machiavélique, terme qui traduit surtout l'incompréhension de celui qui l'use) est révolutionnaire, c’est qu’elle part d’un postulat de l’Homme qui tranche radicalement avec ce qui avait été pensé depuis l’Antiquité. Il ne dit pas ce que l’Homme devrait être mais bien ce que l’Homme est réellement.

« Il y a si loin entre la manière dont on vit et la manière dont on devrait vivre ». 

En d'autres termes, il ne faut pas considérer les citoyens comme on voudrait qu’ils soient, mais les considérer comme ce qu’ils sont en réalité. 
Il y a un passage du “devoir-être” à “l'être”. L’Homme est incapable de bien parce qu’il est motivé par l’amour de lui-même et non l’amour des autres, de son prochain comme dirait Saint Augustin. Pour Machiavel, la vertu, la religion et même la morale sont inutiles : il ne sert à rien d’attendre de l’Homme quelque chose dont il n’est pas capable. Le Prince doit donc s’appuyer sur cet égoïsme fondamental et naturel de l’Homme pour gouverner de façon efficace. Il faut que le prince accepte la réalité de ce qu’est vraiment l’Homme et l'utilise à son avantage. Ce n'est ni plus ni moins que de l'opportunisme politique.
Pour Machiavel, toute action est jugée en fonction de son résultat et non en fonction des principes qui la motivent (pensée que l’on peut rapprocher de celle des utilitaristes notamment portée par Bentham).

La rupture que constitue la pensée de Machiavel est très importante dans l’histoire de la philosophie politique ; la manière de concevoir le monde et l'Homme change et avec elle, la manière de faire société. Autrement dit, en des termes pompeux et savants, il s'agit d'un changement épistémologique. 

À partir de là, Les notions de bien et de morale ne sont plus nécessaires et fondamentales à l'art de la politique. En effet, ce serait aller à l’encontre de la nature humaine : baser l’action politique sur le bien serait donc une entreprise vouée à l’échec puisque le postulat de départ serait inexact. Machiavel ouvre ainsi la voie au pessimisme anthropologique, concept qui sera repris par Hobbes deux cent ans plus tard.

Thomas Hobbes. Il faut croire que le pessimisme ne rend pas beau.

Selon Machiavel, la vérité est l'utilité, la vérité est ce qui paie. Depuis toujours et encore plus au temps de Machiavel (Italie florentine de la Renaissance), il y a eu un écart entre l'idéal du prince parfait et la réalité. C'est bien le contexte dans lequel il a vécu, les dirigeants qu'il a côtoyés et les guerres qu'il a traversées que Machiavel soutient que l'Homme n'est pas bon et ne peut pas être pleinement vertueux, désintéressé et gratuit. Machiavel donne son autonomie au politique vis-à-vis de l'éthique et du religieux.


« Vive la Bourgoingne ! Vive la Bourgoigne ! » 

Profitant des fêtes célébrant le mariage de Charles le Téméraire et de Marguerite d'York, Louis XI en profite pour attaquer François II et le contraindre à signer le traité d'Ancenis qui oblige le duc à rompre l'alliance qu’il avait noué avec la Bourgogne. Charles le Téméraire est furieux. Louis XI propose alors une rencontre en tête à tête afin de dialoguer. 

Pour s’opposer à Charles le Téméraire, duc de Bourgogne et fils de Philippe le Bon, Louis XI ne possède que sa patience, son sens de l’intrigue et du calcul. Il ne veut pas baser son action sur une armée encore affaiblie et sur son sens tactique qu’il sait insuffisant pour rivaliser avec les armées bourguignonnes. La question est donc la suivante : comment déstabiliser le Bourguignon ? En entretenant des foyers de rébellion, par exemple à Liège, une riche ville du Nord qui serait capable, si elle se révolte, d’entraîner la Flandre à sa suite, et toutes les possessions bourguignonnes. En même temps qu’il demande à Charles une entrevue à Péronne, afin d’éviter une nouvelle guerre, Louis envoie à Liège des messagers qui sont chargés d’appliquer son plan. 

Mission réussie : de graves troubles agitent la ville de Liège. Le 14 octobre 1468 a lieu l'entrevue de Péronne. Le risque est grand étant donné le caractère emporté du duc mais ce dernier donne sa parole qu'il ne lui arrivera rien. Toutefois, au moment de l’entrevue, Charles est averti que les liégeois, du comté de Flandre, sous protectorat, se sont révoltés. Il en rend Louis XI responsable et le retient prisonnier. Avant de retrouver la liberté, Louis XI est obligé d'accompagner Charles à Liège dans une campagne punitive. 

Le roi de France doit alors assister à l'écrasement de ses alliés. Les liégeois assistent ensuite à un spectacle étonnant : Charles le Téméraire pousse devant lui le roi de France Louis XI sur son cheval, et il l’oblige à crier : « Vive la Bougoingne ! Vive la Bourgoingne ! » (en vieux français). Louis XI accepte sans broncher : bien que Liège soit détruite, il est libre

Les caricatures sont toujours une pâle copie de la réalité...

C'est à la cour des Borgia que Machiavel a forgé cette idée : écraser complètement un ennemi ou bien le brosser dans le sens du poil pour le soumettre. Louis XI n'avait pas les moyens de détruire Charles le téméraire et a donc opté pour la seconde option. 

Toute la pensée et la politique de Louis XI se retrouvent ici : « Qui ne sait dissimuler ne sait pas régner ».

« En politique, il faut donner ce que l'on n'a pas et promettre ce que l'on ne peut pas donner. » 

À la suite d’une nouvelle trêve entre la France et la Bourgogne, Charles, tirant parti de ce répit, s’engage dans des conquêtes audacieuses en terres allemandes, que Louis XI s'empresse de contrer en apportant son soutien aux populations locales. Le duc de Bourgogne s'enlise. La campagne pour mater des révoltes suisses, orchestrées par Louis XI, ne rencontre pas plus de succès. La Bourgogne court alors à sa perte.

La découverte du corps sans vie de Charles le Téméraire, dans les environs de Nancy, enfoui sous la neige et mutilé par les loups.

Louis XI : plus « prudent » qu'« araignée »

Louis XI est davantage Louis « le prudent » ou « le patient ». Il tisse sa toile, patiemment, n'étant tenu à aucun contrat, aucune promesse qui le ralentirait dans sa quête. Un Prince ne doit avoir que faire de la réputation dont il jouit auprès de son peuple : son peuple ne doit exercer aucun pouvoir sur lui, qu’il soit explicite ou implicite. Si le prince se soucie des adjectifs qu’on lui prête, ainsi il va devenir dépendant de l’opinion publique et son pouvoir s’en trouvera limité, à tel point qu’il pourra être renversé. Chaque Homme doit être perçu comme un moyen pour le souverain de conforter son pouvoir. L’homme est égoïste et recherche son bien propre en permanence, ainsi le prince doit en faire de même. 

« Les hommes oublient plus vite la mort de leur père que la perte de leur patrimoine. » 

Cruauté et magnanimité : deux défauts

Un prince cruel n’est pas efficace : il faut qu’il puisse se faire obéir de son armée, que ses décisions soient respectées à la lettre, tout en restant juste et ne pas verser dans le sanguinaire. Il doit savoir ne pas tenir ses promesses, car celles qui l'ont porté au pouvoir risquent de limiter son autorité : « Un souverain sage ne peut ni ne doit observer sa parole, lorsqu’un tel comportement risque de se retourner contre lui et qu’ont disparu les raisons qui le firent engager ».

Virtu et fortune, les deux jambes du Prince

Davantage intellectuel que militaire toutefois, Louis ne délaisse cependant ni l'un ni l'autre et ne fait qu'illustrer ici le principe machiavélien de virtu.

Selon Machiavel, le prince doit faire preuve de virtu : concept se rapprochant de la virtusromaine, englobant les qualités de courage, de vaillance, de caractère et d'excellence que devaient posséder tout bon romain. Le prince doit être un homme énergique, audacieux et habile. La virtu s'accompagne du concept de fortune. « Fortune » doit être compris ici dans le sens de chance et de sort. Le Prince doit avoir de la chance mais doit aussi avoir le talent pour faire advenir cette chance. Virtu et fortune sont indissociables : le prince, à l'aide de sa virtu, doit donner une forme à la fortune.

Plus cette fortune est ingrate, plus la virtu doit être invoquée : la virtu est en proportions inverses de la fortune. Pour illustrer ce propos, on peut citer la devise du chevalier français Bertrand Duguesclin : « Le courage donne ce que la beauté refuse. »

Louis XI a choisi de s'allier au peuple contre les grands. En effet, lui-même comme ses sujets craignaient une domination des grands, prêts à tout pour acquérir plus de pouvoir. Louis XI a d'ailleurs du faire face à une ligue des grands seigneurs du royaume en 1463, baptisée Ligue du Bien Public. Face à la victoire de cette ligue, Louis doit céder et redonner tous les privilèges qu'il avait pu abolir. Il a alors cette phrase en coulisse :

« Si j'avais augmenté leurs pensions, et si je les avais autorisés à écraser leurs vassaux, ils ne penseraient pas au Bien public... »

Un esprit sain, dans un corps simple. 

Ni haï, ni aimé

« L’un des plus puissants remèdes que le prince ait contre les conjurations est de ne pas être haï par la masse du peuple. » 

Le souverain doit savoir être tempéré : il doit savoir être aimé et craint, tout en n'étant ni trop adoré ni haï. Le prince doit jouer de ces états d'âme avec parcimonie. L’excès de l’un ou l’autre peut entraîner sa chute par le peuple. On peut donc rapprocher le concept de tempérance de Machiavel de celui d’Aristote (même si pour Aristote, il existe une loi morale vers laquelle le souverain doit faire tendre ses sujets). Le dirigeant doit user de son pouvoir sans abus, sans excès. Machiavel nous dit par exemple, qu’il ne peut et ne doit pas, abuser des femmes de ses sujets.

Louis XI a donc le visage d'un prince machiavélien, aussi bien renard que lion, il a tout de même démontré une attirance pour la finesse négociatrice du renard que pour la force brute du lion. Il est incontestable que Louis XI a jeté les bases d'une politique qui a continué à faire vivre le Royaume de France jusqu'à l'arrivée de Machiavel à la cour de Louis XII en 1500. La force de la philosophie de Machiavel réside en son universalité/ Elle peut très bien s'appliquer encore à de nombreux personnages actuels, en particulier au Liban, terre de luttes sanglantes pour l'accès au pouvoir.

Aux États généraux de 1468, Louis XI récolte les fruits de sa politique. Il a su être aimé et craint et a réussi à monter le peuple contre le récent duc de Normandie. Les États-généraux se séparent en condamnant l'occupation illégitime de la Normandie par Charles de Berry et les gens du peuple préfèrent la domination ferme du roi pour éviter le retour d'une guerre qui promet d'être ruineuse. C'est exactement ce que voulait Louis XI. Le peuple est d'ailleurs reconnaissant à Louis XI de préférer les négociations à de nouvelles guerres.

Toutefois, Louis XI ne s'enferme pas dans cette image de « père du peuple » et n'hésite pas à agir avec fermeté voire cruauté lorsqu'il est nécessaire. Machiavel écrit dans Le prince : « l’un des plus puissants remèdes que le prince ait contre les conjurations est de ne pas être haï par la masse du peuple. » Le souverain doit savoir être tempéré : il doit savoir être aimé et craint, tout en n'étant ni trop adoré ni haï. Le prince doit jouer de ces états d'âme avec parcimonie. L’excès de l’un ou l’autre peut entraîner sa chute par le peuple. On peut donc rapprocher le concept de tempérance de Machiavel de celui d’Aristote (même si pour Aristote, il existe une loi morale vers laquelle le souverain doit faire tendre ses sujets). Le dirigeant doit user de son pouvoir sans abus, sans excès. Machiavel nous dit par exemple, qu’il ne peut et ne doit pas, abuser des femmes de ses sujets. 

Louis XI a donc le visage d'un prince machiavélien, aussi bien renard que lion, il a tout de même démontré une attirance pour la finesse négociatrice du renard que pour la force brute du lion. Il est incontestable que Louis XI a jeté les bases d'une politique qui a continué à faire vivre le Royaume de France jusqu'à l'arrivée de Machiavel à la cour de Louis XII en 1500. La force de la philosophie de Machiavel réside en son universalité. Elle peut très bien s'appliquer encore à de nombreux personnages actuels, en particulier au Liban, terre de luttes sanglantes pour l'accès au pouvoir. 


Un air de famille ? Peut-être. Il semblerait que les Louis jouissent davantage de bienfaits intellectuels que physiques.




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